Propos recueillis par Jean-Philippe Defawe
13 octobre 2023 à 16h00
© PHOTOS : CAPEB
Quel est l’état de la conjoncture sur vos marchés respectifs ?
Andréas Milet : En Bretagne, nous constatons une forte baisse sur le marché du neuf. Sur les douze derniers mois, le nombre de logements mis en chantier a diminué de plus de 16 %, avec un décrochage plus marqué dans les Côtes-d’Armor. Ce recul touche davantage le marché des logements individuels, même si tous les types de bâtiments sont impactés : agricoles, locaux industriels, bureaux… Mais pour nous, artisans du bâtiment, notre activité s’oriente plutôt vers l’entretien et la rénovation.Sur ce marché, nous profitons encore d’une bonne dynamique, avec une croissance de plus de 2% au premier trimestre, croissance en partie liée aux travaux d’économies d’énergie. De quoi rassurer nos partenaires, dont les exposants à Artibat !
Alain Lacour : Les Pays de la Loire ne font pas exception à la tendance. Le marché du neuf est enfort déclin avec – 26 % d’autorisations de logements sur un an à fin juillet. Le marché de l’entretien rénovation se maintient à + 3,5 % mais avec un carnet de commandes en baisse, à dix-huit semaines. A l’heure où la question du pouvoir d’achat est au coeur des problématiques de chacun, nous sommes confrontés à une grande incertitude sur l’investissement des ménages dans la rénovation de leur logement et sur la position des banques pour les soutenir.
Quelles sont les perspectives pour les entreprises artisanales dans les années à venir ?
A. L. : Nous avons finalisé l’enquête de conjoncture régionale que nous réalisons chaque année et qui nous permet de comparer les évolutions. Cette enquête Capeb Pays de la Loire, à laquelle près de 1 000 entrepreneurs ont répondu, met en exergue une certaine stabilité de l’activité pour nos entreprises mais une visibilité d’activité encore réduite, entre trois et six mois. Cependant, nous savons que de nombreux marchés s’ouvrent à nous et nous devons nous en saisir. Le maintien à domicile, l’écoconstruction, l’écorénovation, l’isolation, etc. sont des perspectives intéressantes et enrichissantes pour les artisans.
A. M. : Aujourd’hui, nous avons un peu plus de cinq mois d’activité devant nous, ce qui reste relativement confortable pour certains métiers. Nous n’avons pas constaté de baisse significative du carnet de commandes en 2022 et 2023. Pour les années à venir, nous sommes optimistes sur le fait qu’il y a une réelle prise de conscience environnementale qui incite les particuliers à effectuer des travaux.
Malgré un contexte compliqué, vous semblez confiant en l’avenir. Dans cette période de transitions, quels sont les atouts des entreprises artisanales ?
A. M. : Dans un monde incertain, les plus petites structures, par leur agilité, ont tous les atouts pour exister. L’artisanat du bâtiment est synonyme de proximité, d’expertise et de qualité. De plus, nous sommes très proches de nos clients, nous sommes capables de faire du « sur-mesure », des tâches variées et uniques à chaque chantier.
A. L. : La rénovation retrouve ses lettres de noblesse. Or, c’est le marché principal de nos entreprises artisanales qui détiennent le savoir-faire et l’expertise nécessaire, particulièrement dans les Pays de la Loire, région qui compte le plus grand nombre d’entreprises qualifiées RGE.Notre enjeu sera de maintenir ce tissu économique de proximité et agile, de ne pas perdre ce savoir-faire essentiel pour l’avenir et de transmettre ces compétences et ces valeurs aux générations futures.
Artibat, le salon du BTP du Grand Ouest. Le salon Artibat a la particularité d’être porté par la Capeb Pays de la Loire et de se tenir en Bretagne, au parc expo de Rennes. Avec 1 000 exposants et 40 000 visiteurs attendus pour sa 18e édition, il rassemble bien au-delà des seuls artisans du bâtiment. « Un quart des architectes des régions Pays de la Loire et Bretagne viennent au salon », affirme sa directrice Valérie Sfartz qui a mis en place, cette année encore, plusieurs temps forts : parcours des nouveautés, atelier biosourcé, campus formation « 10 minutes pour comprendre », expo « no waste » avec l’Ecole de design de Nantes Atlantique…